Méditation du jour de Pâques à deux voix - en temps de confinement

Jean-Loup                 Je vous souhaite et vous annonce le Bon jour !  Olivia et vous tous qui rejoignez ce site, qui garde en relation notre invisible assemblée, en dépit de nos confinements. Que le bon jour de Paques se lève sur nos nuits de deuils et de souffrances. Comme les disciples d'Emmaüs s'éloignent de Jérusalem, l'épreuve nous a éloignés de notre lieu de culte. Incroyable. Aujourd'hui les évêques et les prêtres recommandent aux paroissiens de rester chez eux ! Comme les disciples d'Emmaüs, l'épreuve nous plonge dans le désarroi, l'incertitude du lendemain et peut-être le doute. Où est-il passé, ce Jésus que nous ne pouvons même plus célébrer dans l'eucharistie au jour de Pâques ? Pourtant, là où nous sommes, je le crois, Jésus ressuscité nous rejoint. Il nous écoute et s'entretient avec nous. Nos yeux sont encore empêchés de le reconnaître. Mais entrons en dialogue avec lui.

À vrai dire, reconnaissent les disciples d'Emmaüs, des femmes de notre groupe sont venues nous dire qu'elles avaient eu une vision : des anges, qui disaient que Jésus est vivant. Olivia, les femmes ont plus vite que nous les hommes, l'intuition de ce qui vient au jour. Pouvez-vous nous dire ce que vous percevez, en ce temps de confinement, qui rejoint les réalités d'en haut que Paul recommande de rechercher ?

Olivia :            Où sont-elles nos réalités à l'heure du confinement ? Sont-elles dans la frustration, la peur le quant à soi ? Où sont-elles cachées avec le Christ en Dieu ? Elles sont dans la simplicité le dénuement de l'amour, cette réalité d'en haut. Cet amour, qui fait le cœur tout brûlant, nous est rappelé dans l'Évangile : leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent. Dans nos vies de confinés bizarrement, nos yeux s'ouvrent aussi.

Jean-Loup     Racontez-nous, Olivia !

Olivia              Les deux grands mères de notre petite famille,  âgées et confinées, seules et sans aucun lien avec la réalité d'en bas, sans se donner le mot, se sont mises à passer du temps à la fenêtre. Elles contemplent l'oiseau qui fait son nid, petit à petit ; l'enfant qui apprend dans la cour à faire du vélo, petit à petit. Elles regardent à leur fenêtre cette vie intemporelle, faite de petits pas, mais qui avance pourtant.

Comme elles nous redécouvrons nos proches, qui souvent faisaient tellement partie des meubles qu'ils devenaient invisibles, toujours pris par leurs activités, leurs amis, leurs priorités. Nous redéfinissons les tâches et les règles pour que la cohabitation se passe bien. Nous faisons tous des concessions car nous n'avons pas d'échappatoire. Ce n'est pas facile mais l'égoïsme n'est plus permis ! Nous redécouvrons aussi nos voisins, ces amis que l'on n'a pas choisis et qui, comme nous, sortent à 20h pour faire du bruit. Cet élan commun est vécu comme un élan de fraternité, d'unité. Chacun devient vigilant, bienveillant. Pour certains c'est le seul moment où ils croisent un regard, où quelqu'un les appelle par leur nom. Chacun à sa fenêtre fait du bruit et jette des sourires. Nous sommes ainsi témoins d'un grand mouvement de gratitude à l'égard de ceux qui font le bien : les soignants, les aidants, tous ceux qui œuvrent  au quotidien pour que tout se passe au mieux, les bénévoles qui continuent leurs actions auprès des plus fragiles, ceux qui prêtent un appartement, qui confectionnent un repas. C'est une chaîne inédite et magnifique d'entraide et des millions de merci. En ce jour de Pâques nous vivons une aventure à l'échelle planétaire qui bien que vécue comme une catastrophe, est peuplée de moments de grâce, de solidarité, d'espoir.

Jean-Loup     Olivia, les voilà les anges, qui attirent l'attention sur la vie qui jaillit petit à petit, alors que nous étions préoccupés de celle que nous tentons de maitriser et qui nous échappe. Avec ces anges c'est un murmure qui nous dit que le Christ est vivant : c'est son amour qui traverse toute épreuve et fait vivre.

Olivia              Serons-nous toujours des esprits sans intelligence après cette période ? La Pâque 2020 ne pourrait-elle s'annoncer comme la résurrection de tout un monde ? Non un monde chamboulé, mais un monde de petit pas, vers soi, vers l'autre, vers Dieu,  et grand pas vers le mystère pascal ?

Jean-Loup     Olivia, et vous tous, frères et sœurs, notre résurrection est déjà annoncée. Elle est là ! Mais nous ne la voyons pas encore, malgré les anges. Jésus a vaincu nos peurs, nos replis, nos idoles. Il nous apprend que nos souffrances sont souffrances d'enfantement. Aujourd'hui il ouvre la voie, comme premier-né.  Notre monde tout entier partage la même épreuve, et ne voit pas qu'elle prépare un enfantement. Pourtant l'ennemi n'est plus le frère humain, comme le laisse entendre ce virus qui ne connaît pas de frontières. Dans cette épreuve, où chacun est tenté de rentrer chez soi, non seulement confiné mais replié sur ses intérêts, nous entendons : Esprits sans intelligence, comme vous êtes lents à croire. Votre épreuve prépare le monde qui vient. La vraie réalité, frères et sœurs, celle qui nous est donnée d'en haut, c'est notre venue au jour, notre naissance dans le Christ. Aujourd'hui ce monde passe. Avec Jésus, nous passons de ce monde à son Père, et à la fraternité universelle. Évidemment ce passage se joue petit à petit, en toute relation transfigurée par l'amour universel. Chacun de nous offre cet amour dans la joie, en ce temps qui nous reste pour que s'accomplisse notre venue au monde nouveau.  ALLÉLUIA !

Le monde était dans la nuit, l'obscurité pesait sur nos vies,

Quand le Fils de l'homme a jailli du tombeau

pour annoncer des temps nouveaux.

 Alléluia !

Chant

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¤ Depuis nos fenêtres, nos balcons, le secret de nos chambres...

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